Biodiversité par le changement
Lorsque les castors colonisent un cours d'eau, ils le modifient durablement. Des barrages sont construits et des cours d'eau plus petits sont ainsi retenus, on trouve des toboggans, des tubes de fuite et des habitations, et la quantité de bois mort augmente. Le comportement d'écoulement et la température de l'eau changent dans les cours d'eau endigués et de nouvelles niches se créent pour d'autres espèces. Des conditions environnementales extérieures telles que les crues augmentent encore la diversité structurelle, par exemple lorsque l'eau déborde aux endroits endigués. Les barrages de castors retiennent les sédiments fins contenant des nutriments, ce qui a des effets positifs sur les eaux en aval des territoires de castors. Dans ces derniers, l'absence de sédiments fins permet de trouver davantage de brèches et un lit plus ouvert.


Tous ces changements qui ont lieu grâce au castor ont également des répercussions sur d'autres groupes d'espèces dans la région. Nous avons eu l'occasion passionnante d'étudier cela au Chräbsbach, sur mandat du département des forêts du canton d'Argovie. Une famille de castors s'y était nouvellement installée et un suivi mené en parallèle a offert l'occasion rare de documenter de manière exemplaire les effets des modifications de l'habitat dues à la présence du castor sur la faune. Les populations des groupes d'espèces suivants ont été surveillées : amphibiens, oiseaux, poissons, libellules, papillons diurnes, plantes.
Dans l'ensemble, la tendance est positive depuis les premiers relevés. Il est toutefois particulièrement intéressant de constater que, selon les années, ce sont toujours d'autres espèces qui profitent des conditions. Chez les papillons diurnes, trois espèces typiques des zones humides ont pu être identifiées : l'outarde canepetière, le petit martin-pêcheur et le grand scarabée. Chez les oiseaux nicheurs, en revanche, il n'y a pas eu de nette augmentation, mais davantage d'espèces ont été identifiées que lors des premiers relevés. Une augmentation du nombre d'espèces a également été observée chez les libellules.
Pour les poissons, le tableau est quelque peu mitigé. Dans la zone du territoire des castors, il y avait certes moins de truites, mais les individus présents étaient plus grands et nettement plus lourds. Tant qu'un ruisseau n'est pas endigué en permanence, les truites ne souffrent donc pas de la présence du castor. Elles pourraient même profiter des sédiments fins retenus, car elles trouvent plus de lacunes dans le gravier du lit du cours d'eau pour y pondre.
Ces études montrent de manière exemplaire que différentes espèces réagissent positivement à la diversité structurelle nouvellement créée et que de nouveaux habitats se trouvent dans le paysage modifié par le castor.


